ID 19 P, 1963
En septembre 1985 eurent lieu les premiers rassemblements et expositions consacrés à la DS, à l'occasion des 30 ans de ce modèle. Je découvris alors les DS et ID des années 50 / 60, très différentes de la D Super que j'utilisais depuis 5 ans.
C'est dans ce contexte que je fis l'acquisition d'une ID 19 P "Confort" de 1963. Ce véhicule était exactement le "chainon manquant" entre ma Traction 11 de 1950 et la D Super : le look "DS" à l'extérieur mais l'ambiance "Traction" à l'intérieur !!
A notre époque ou l'interêt des collectionneurs se porte essentiellement sur la DS "Pallas" à la carrosserie bardée de baguettes inox et à l'intérieur luxueux, il est rare de rencontrer une ID aussi pure et dénuée, avec pour seule parure ses petits enjoliveurs de roue en aluminium.
Fin 1988, ayant eu l'occasion d'acquérir une très intéressante DS 19, je revendis l'ID pour libérer le garage et payer la DS. Elle est depuis entre les mains d'un autre adhérent d'IDéale DS, qui en prend grand soin.
Cette voiture fut sélectionnée en 1995 pour l'exposition "40 ans de DS" au Centre International de l'Automobile de Pantin.
Derrière le grand volant blanc (direction mécanique, non assistée) s'étale un tableau de bord simple mais complet. Les petits boutons dorés, alignés sur une tôle d'aluminium striée, ajoutent même une petite touche de raffinement.
Il faut tendre la main vers la droite pour tourner la clé de contact et presser le petit bouton rouge du démarreur, afin de réveiller le bon vieux moteur 3 paliers hérité de la traction. Son bruit feutré et régulier, infiniment plus doux que celui du 5 paliers adopté à partir de 1965, devient très présent quand la voiture prend de la vitesse. L'insonorisation n'était pas la principale préoccupation des concepteurs de l'ID, même si la finition "Confort" se voulait du niveau de la DS (avec entre autres les fameux tapis de sol en Dunlopillo).
La direction mécanique, plus démultipliée que la direction assistée de la DS, ne se fait dure que pour les manoeuvres. La suspension "liquide rouge" a la souplesse des premières générations de DS, et donne la sensation irréelle de flotter au dessus de la chaussée. Avec le renforcement des amortisseurs et des barres anti-roulis, cette sensation n'existe plus sur les DS et ID d'après 1965.
Aventures
La restauration du tableau de bord nécessitait un nettoyage de la vitre du tachymètre. Sur la face arrière de cette vitre sont peints les chiffres du compteur.
Prudent, je choisis un nettoyage à l'eau et au savon, écartant tout solvant qui aurait pu être agressif pour ces fragiles motifs. Lors du rincage, HORREUR !! Je vis les précieux chiffres glisser sur la vitre sous l'action du jet d'eau, et partir dans le lavabo...
J'ai eu alors la chance extraordinaire de trouver une vitre neuve (spécifique aux ID19 modèles 63 et 64) chez Bardy à Levallois, qui était à l'époque le distributeur de la marque Jaeger. C'était la dernière vitre en stock !
Restauration
Cette voiture était tellement défraichie qu'une restauration complète et immédiate s'imposait. D'ailleurs, les freins avants bloqués ne permettaient pas une utilisation immédiate de cette ID !
La carrosserie et un certain nombre d'éléments mécaniques furent donc déposés de la caisse, posée sur 4 chandelles dans une ferme de la Somme. Le tout prit la direction de mon appartement des Yvelines, dont le salon et le balcon avaient pour l'occasion été transformés en atelier de tolerie. La petite cave, quand à elle, servait à la remise en état des freins, de la direction etc...
Bon courage...
C'est avec cette voiture que je me suis initié à la peinture, dans le garage de mes parents et avec un matériel emprunté. L'utilisation d'un apprêt phosphatant suivi de plusieurs couches de peinture glycerophtalique Corona (à l'époque le polyuréthane était peu répandu) permit un résultat durable et un très beau "tendu" de la laque.
Mon seul regret est d'avoir utilisé un vernis "marine" pour le pavillon, d'origine en polyester brut. Ce pavillon avait le défaut d'être très salissant, à cause des fibres de polyester qui accrochaient la poussière. Une fois vernis, ce problème d'entretien fut résolu, hélas le vernis se mit à jaunir au bout de quelques années...
