Traction Avant 11B 1950
C'est en retrouvant un vieux négatif 6 x 9 représentant la 11B que mon grand-père avait achetée neuve en 1951, que l'envie me prit de rouler moi aussi en Traction. Après plusieurs mois de recherche, j'ai trouvé cette 11B de 1950 chez un brocanteur du Pas-de-Calais, à un prix compatible avec mon budget d'étudiant. A 21 ans, c'était ma première voiture ancienne...
J'ai du me séparer de cette voiture en 1990, pour financer d'autres projets. Mais il ne s'agissait pas de renoncer définitivement à la Traction, car quand on y a goûté....
Rouler en Traction est quelque chose de très particulier. A son volant, tous les sens sont en alerte pour controler la bonne marche du véhicule, l'ouie, l'odorat (sollicité par les vapeurs émanant de la mécanique), la vue attirée par le long capot et les phares dans lesquels se reflètent les bas coté de la route, le sens tactile indispensable pour manier en toute sécurité la délicate commande de vitesses...
La nuit, on n'est guère rassuré par la faible portée des phares jaunes 6 volts (pas encore "code européen") ni par l'unique feu rouge à l'arrière gauche qui éclaire en même temps la plaque d'immatriculation. La lueur blafarde du compteur ne permet pas d' éclairer les commandes, qu'il faut chercher dans le noir en cas de besoin.
Aventures
Ma seule panne en Traction fut tout bêtement... une panne d'essence. Arrêté sur la bas coté, j'entrepris de stopper un automobiliste pour aller chercher un jerrican. Rapidement, une LADA (désolé) conduite par un brave paysan s'arréta. L'homme était tellement enthousiasmé par ma Traction qu'il n'hésita pas à abandonner provisoirement sa femme sur le bord de la route, pendant qu'il m'emmenait chercher un peu d'essence.
Restauration
La pauvre traction avait triste allure, recouverte d'une abominable "peau d'orange" noire mate et avec ses chromes peint en gris au pinceau ! Le bas du coffre et l'arrière des ailes avant étaient sérieusement corrodés, et la mécanique à bout de souffle. Seul la sellerie, d'origine, était vraiment correcte.
La tôlerie et la peinture furent confiées à un professionnel, après des semaines d'un laborieux ponçage.
Après avoir récupéré la voiture presque un an plus tard (!!) je constatais la présence d'eau dans l'huile : sûrement le joint de culasse... Je me mis à apprendre les base de la mécanique pour changer ce fameux joint, hélas sans succès : en fait, la fuite venait des joints d'embase de chemise qui avaient séché, le carrossier ayant vidangé le bloc pour l'hiver.
Re-démontage, en déposant cette fois chemises et pistons pour poser des joints neufs : après repose de la culasse l'eau coulait de partout à cause d'un dépassement excessif des chemises ! Troisième démontage, pour monter cette fois des joints découpés dans une feuille de papier à joint de la bonne épaisseur.
Puis, je refis le circuit électrique et le ciel de pavillon, après avoir remonté l'ensemble des pièces re-chromées.